Je vais me détourner

par Jacques Roubaud

Je vais me détourner et inscrire les mots de l’adresse les mots de l’adresse qui sont l’unique manière de constituer encore une identité qui soit tienne sans cloisons

Tes photographies reproduites les phrases reproduites de ton Journal avec sa ponctuation particulière : un.

Tes lambeaux de cadavre se défaisant se délitant à l’anéantissement sobrement et rigidement fleurir d’aucune façon imaginable sinon par la désuétude la résurrection de certains mots les bibliques n’appartenant pas à ma tradition : deux.

Le rectangle de la pièce tapissée de papiers bruns japonais et son agencement d’objets le tien à peu près intact depuis presque trente mois où je reçois la lumière plein les mains : trois.

Ce sont trois fois toi trois des irréductiblement séparés déplacés réels de toi perdus en une diaspora qu’unit seule ce pronom : toi

Incapable je suis désormais de ralentir autrement qu’en le prononçant les dérives divergentes des syllabes de ton nom qui

Quand il n’était pas pour moi cette désignation rigide se répétait dans un monde possible par la seule vertu d’une

Parole autour d’un corps vivant

Alix Cleo Roubaud.


door Jacques Roubaud

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tekstbron: Jacques Roubaud, Quelque chose noir, Gallimard, 1986, ISBN 978-2-07-042081-0, p.61-62
opgenomen in WEEKBLADEN #48 - morsdood
vertaling: Ik ga me afwenden
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